Aller à l'essentiel

Le mariage est-il une institution obsolète ? Ce qui voudrait dire que ceux qui s’obstinent à passer ce contrat et à le respecter sont des dinosaures, incapables de s’adapter à un nouvel environnement ? A partir de quel moment un couple devient-il « vieux » ? Est-ce un terme péjoratif ou positif ? Quel est son parfum ? L’odeur de sainteté ?

Nous les couples de plus de 20 ans, qui avons encore l’énergie de tenir la barre contre vents et marées, serions-nous une espèce à part, capable de rester ensemble sur la durée sans s’éteindre. Arrêt sur image sur cette mission qui semble impossible.

Acte de mariage ou pas, c’est bien le fait de vivre ensemble dans un cadre que l’on s’est soi-même fixé, dans un périmètre défini volontairement par l’un et par l’autre, qui présente un intérêt.

« Que voulez-vous espérer au bout de 20 ans de mariage ? » Quelle question ! Tout, bien sûr, et Rien, bien entendu.

Au quotidien, au moins de l’intérêt. Rester capable au bout de tout ce temps de s’intéresser à soi et de s’intéresser à l’autre. Dans ce qu’il/elle est et dans ce qu’il/elle fait. Dans ce que nous sommes et dans ce que nous faisons.

En réalité beaucoup plus.

Fidèle à mon ambition, je choisis de m’engager sur une troisième voie, douce et pentue à la fois. Celle que personne ne peut entrevoir, faute de mot d’elle.

Entre l’ennui, terreau de toutes les passions inassouvies et la rupture, cataclysme systémique, l’un comme l’autre violents et briseurs de cœurs, il y a une place pour des-équilibres.

Apprivoiser le vide pour qu’il devienne vacuité. Transformer cet espace sans limites où l’on se perd, non pas en prison mais en contenant dans lequel placer ses plus précieux désirs. Devenir jongleur plutôt que voleur. Cette approche exige la force et le courage de créer un lien différent, qui ménage une place équitable à toutes les nuances de la vie : le mariage, l’amour, la liberté, le plaisir, la passion, la raison.

Franchir le pas de l’émancipation, survivre au grand saut de l’individuation. Fermer les yeux et les rouvrir sur une réalité différente bien qu’identique. Changer de regard.

Si c’était tout simplement ça, l’essentiel entre deux personnes qui se font confiance depuis si longtemps ? Cheminer l’un à côté de l’autre, laisser l’autre être lui-même et s’autoriser à être soi. Etre là l’un pour l’autre, le savoir, être fort de ce savoir.

Ces deux minuscules chemins apparaissant alors comme un blanc sillon au milieu de l’immensité bleue de la mer ou du ciel.

Rêver que, vu du plus haut qu’il soit possible, cette trajectoire n’en forme et n’en formera jamais qu’une. Prendre le risque de partir pour un nouveau voyage vers une destination inconnue.